Le dieu serpent à plumes qui traverse les âges et les civilisations

Publié le 29 mars 2024 à 09:36

Le dieu serpent à plumes serait l’un des dieux les plus anciens de toute la Mésoamérique.

Une origine incertaine

Bien que non certaine, l’origine du dieu serpent à plumes remonte probablement à la grande civilisation olmèque (env. 1200 à 400 av. J.-C.). Leur dieu de la fertilité et de la végétation était représenté par un serpent.

Un dieu vénéré à travers les siècles

Au fil des siècles, il a été intégré dans la culture et la mythologie de nombreuses civilisations, ce qui en fait l’un des dieux les plus vénérés, mais aussi celui qui a subi le plus de transformations profondes. Néanmoins, dans toutes ces cultures, il reste lié à la Terre autant qu’au ciel, et est considéré comme un être bienveillant et bienfaiteur.

Une divinité aux multiples noms

Aujourd’hui, nous connaissons le dieu serpent à plumes surtout sous le nom de Quetzalcóatl dans la mythologie Mexica (Aztèque), et de Kukulkan chez les Mayas du Yucatan. Pour la civilisation mixtèque, il se nomme Coo Dzavui (nom calendaire : 9-Vent), et chez les Chontales de Tabasco, Muku-leh-chan.

 

Le roi-prêtre Quetzalcóatl des Toltèques

Dans la civilisation Toltèque (650 à 1200 ap. J.-C.), comme dans d’autres cultures, il n’était pas rare que le nom Quetzalcóatl soit porté par les prêtres qui suivaient cette entité divine (en opposition à Tezcatlipoca). Ce fut probablement le cas du roi-prêtre Ce Acatl Topiltzin Quetzalcóatl.

Dans les codex (textes anciens pré et post-conquête), il est décrit comme un homme barbu à la peau claire, détail apparemment anodin mais qui jouera un rôle majeur par la suite. Topiltzin fonda et gouverna la ville de Tula, située dans l’actuel état d’Hidalgo, qu’il mena vers un âge d’or fait de prospérité et de paix. Sous son règne, les sacrifices humains étaient interdits : seuls les animaux comme les papillons, oiseaux ou serpents étaient offerts, ainsi que des pierres précieuses, des plumes et de l'encens.

Mais son frère Tezcatlipoca, jaloux et voulant des sacrifices où coule le sang humain, le piégea en l’enivrant avec du pulque (boisson à base de sève d’agave), ce qui entraîna la rupture de son vœu de chasteté.

Deux versions majeures relatent ensuite sa fin :

  • Ce Acatl Topitlzin Quetzalcóatl fuit Tula avec certains de ses disciples. Mais ne supportant plus son acte, choisit de s’immoler par le feu. Son cœur s’échappa du brasier pour s’élever dans le ciel et devenir Vénus, l’étoile du matin.
  • Ce Acatl Topitlzin Quetzalcóatl, toujours avec plusieurs disciples, fuit Tula vers l’est et prit la mer sur un radeau de serpents et jura de revenir un jour.

Ainsi s’achève l’âge d’or de Tula.

Mais ici aussi commence les mythologies Maya et Mexica où s’entremêlent légendes et probables faits historiques.

Kukulkan, le héros divin des Mayas

Chez les Mayas du Yucatan, Kukulkan est à la fois une divinité et un héros humain.

Dans sa version humaine, il serait Ce Acatl Topiltzin Quetzalcóatl exilé de Tula, arrivé par la mer. Il apporta la connaissance au peuple Maya et aurait fondé la grande ville de Chichén Itzá ou l’aurait conquise selon d’autres versions (Chichén Itzá et Tula ont de nombreuses similitudes architecturales).

Dans sa forme divine, il est le dieu de la résurrection, de la réincarnation et des quatre éléments, et le créateur du monde et de l’humanité. Il est considéré comme le dieu le plus important du panthéon Maya. Selon la légende, la fin du monde surviendrait lors de son retour sur Terre.

Le Quetzalcóatl des Mexicas

Les Mexicas adoptèrent le mythe de Quetzalcóatl après leur installation à Tula. Ils en firent l’un de leurs dieux principaux pour asseoir leur légitimité comme héritiers des Toltèques.

Dans leur mythologie, Quetzalcóatl est le dieu du vent (Ehecatl), de la connaissance, de la sagesse et de la végétation. Il est l’un des quatre fils du couple originel Ometecutli et Omecihuatl. Il est l’inventeur des calendriers et des livres. Et il est associé à la planète Vénus et règne sur l’Ouest.

Quetzalcóatl est aussi l’un des grands protagonistes de la légende des soleils et de la création de l’humanité actuelle. Il découvre le maïs et enseigna sa culture aux Mexicas.

Mais c’est aussi ce dieu qui, indirectement, mena à la chute de l’empire Mexica : rappelez-vous de la description de Ce Acatl Topiltzin Quetzalcóatl, le roi-prêtre Toltèque et sa promesse lors de sa fuite de Tula…

Moctezuma II (le roi des Mexicas lors de la conquête espagnole), en plus d’être obsédé par la fin du monde, avait bien en tête le fait que Quetzalcóatl était barbu à la peau claire, alors quand il vit Hernan Cortés (conquistador espagnol), il le prit pour la réincarnation de ce grand dieu, ce qui facilita la conquête espagnole.

Origine du nom

  • Étymologie nahuatl de Quetzalcóatl:

    • Quetzal : oiseau sacré, mais peut aussi signifier « précieux » ou « volant »
    • Coatl : serpent, parfois traduit par « jumeau »
  • Étymologie maya de Kukulkan :

    • K’uk’um : plumes
    • Kan : serpent

Sources

  • Baqueiro Lopez Oswaldo, Magia, mitos y supersticiones entre los Mayas, México : Maldonado, 1983
  • Caso Alfonso, El pueblo del Sol, México : FCE, 1971
  • Jiménez del Oso Fernando, El dios jaguar, Espagne : Espacio y Tiempo
  • Thevet André, La légende des Soleils suivi de l'histoire du Mexique, trad. Jean Rose, France : Anacharsis Editions, 2018

Quetzalcóatl (à gauche) et Tezcatlipoca (à droite) 
Codex Borbonicus - Planche 22

Quetzalcóatl barbado - Codex Magliabechiano - Planche 61

Quetzalcóatl barbado - Codex Telleriano-Remensis - Planche 11

Quetzalcóatl sous sa forme d'Ehecatl Dieu du vent
Codex Borgia

Quetzalcoatl - Le serpent à plumes - Création de Salvador Herrera -
Décoration murale


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