L'Atelier Sixto Ibarra

Isrrael Ibarra et Maria de Jesus Ibarra

       L’atelier Sixto Ibarra, c’est une magnifique histoire de plus de cent ans qui a débuté avec une belle découverte faite au hasard. Aujourd’hui, il réunit à travers le temps trois générations autour de l’art du barro bruñido (terre cuite polie): Don Sixto Ibarra Galindo (décédé en 2001 à 80 ans), créateur de l’atelier, autodidacte et précurseur de cet art à San Juan Evangelista, Don Martin Morales (décédé il y a trois ans à l’âge de 55 ans), Doña Maria de Jesus Ibarra Morales, dite Chuy, fils et fille de Don Sixto Ibarra et Isrrael Ibarra Barrera, petit-fils de Don Sixto Ibarra et fils de Don Martin Ibarra.

 

         C’est à environ vingt-cinq ans, alors que Don Sixto Ibarra creusait dans les collines de San Juan Evangelista pour récolter des tubercules (comme pour beaucoup à cette époque, un de leurs emplois consistait à vendre des légumes, des plantes, des racines,… sur les marchés), il découvrit des reliques préhispaniques. Il a pu les conserver et, très intrigué par ces objets, il se demanda comment ces peuples anciens avaient pu façonner de telles créations. Il essaya donc de faire de même. Il commença par utiliser de la boue qu’il extrayait des berges du lac de Cajititlan, mais toutes ses créations étaient détruites par des insectes attirés par les matières organiques contenues dans cette terre. Il testa alors d’autres boues jusqu’au moment où il en trouva au pied d’un ruisseau dans les collines de Cajititlan qui était filtrées grâce à la présence d’une petite grotte. Il obtient ainsi de l’argile pure qu’il commença à extraire pour créer son art que l’on connait aujourd’hui, l’art préhispanique en barro bruñido (terre cuite polie). Alors qu’il continuait à vendre des légumes sur les marchés, il commença également à y amener ses créations (sifflets, pipes, vases,…). De plus en plus de personnes s’y sont intéressées et Don Sixto Ibarra a commencé à vendre de nombreuses créations. Ainsi est né l’atelier Sixto Ibarra qui depuis a reçu de nombreuses reconnaissances nationales et internationales.

 

       Don Sixto Ibarra a eu beaucoup d’enfants qui ont tous travaillé avec lui. Aujourd’hui certains d’entre eux ont créé leurs propres ateliers et continuent le travail de l’argile en accord avec leurs compétences et avec les techniques qu’ils souhaitaient développer. Néanmoins, Don Martin Ibarra et Doña Maria de Jesus Ibarra sont restés dans l’atelier et ont continué à travailler avec leur père employant les mêmes techniques afin de protéger l’intégrité et l’originalité de l’argile polie.

 

         Don Martin Ibarra, lui, commença plutôt avec l’art baroque, l’art sacré, en modelant des vierges, des christs, des retables. Mais ne laissa pas non plus de côté l’art préhispanique en façonnant des jarres, des plateaux,…  Parfait exemple du syncrétisme qui règne dans l’atelier, Don Martin Ibarra créa une pièce mélangeant la vierge Marie et Coatlicue (la mère de tous les dieux de la mythologie Mexicas).

 

          Isrrael Ibarra est la troisième génération d’artisans d’art de l’atelier. Tout comme son père avant lui, il grandit dans cet atelier et fut baigné depuis sa naissance dans l’argile polie. Il commença son apprentissage en créant des masques d’art préhispanique. Malgré des moments de doute, pensant que cet art n’était pas pour lui, c’est l’admiration pour son père et pour son travail qui l’a toujours poussée à y revenir, à réessayer à chaque fois et aujourd’hui son talent n’est plus à prouver. Son père l’encouragea à faire des études, ce qu’il fit et il devint ingénieur agronome, emploi qu’il occupe de manière temporaire. Et même s’il aime ce métier, il ressent la nécessité d’être dans l’atelier, c’est là où sont ses racines dont il est très fier. Son grand-père est décédé sans pouvoir finir une création, son père également, pour lui c’est un signe qu’il faut continuer ce travail. C’est son héritage familial qu’il perpétue aujourd’hui en faisant vivre l’art de son père et de son grand-père tout en apportant sa pierre à l’édifice, sa touche personnelle. Et l’une des choses les plus importantes pour lui est de faire connaitre l’art de l’argile polie.

 

           Le futur projet d'Isrrael est de faire, dans l’atelier, un lieu d’exposition, des créations de son père et de son grand-père qu’il a conservé afin que les personnes qui viennent les voir à San Juan Evangelista puissent les contempler et en apprendre d’avantage sur cette belle famille d’artisans d’art.  

Isrrael Ibarra

Maria de Jesus Ibarra (Chuy)