Le cerf, le peyotl et le maïs dans la culture Wixarika

Publié le 14 juillet 2023 à 07:00

Avant de commencer sur ce thème, il me paraît important de préciser que dans la culture Wixarika (Huichol), il arrive qu’un même personnage revête des formes différentes et/ou porte des noms différents selon les situations, les contextes ou les époques. Certains éléments sont reliés à des légendes différentes mais plus ou moins liées entre elles. Il faut donc garder l’esprit ouvert afin de profiter au maximum de la mythologie de cette culture.

La trinité sacrée : cerf, peyotl et maïs

Le cerf (Maxa), le peyotl (Hikuri) et le maïs (Iku) sont trois des éléments les plus sacrés de la culture Wixarika, parfois appelés « trinité sacrée des Wixaritari ». Outre leur rôle trivial d’alimentation physique, ils ont également un rôle d’« alimentation » spirituelle cher aux Wixaritari. Trois éléments distincts, mais reliés entre eux pour parfois n’en former qu’un seul. Comme je le disais plus haut, pas simple comme concept mais je vais néanmoins essayer de vous le retranscrire.

Le cerf sacré : Kauyumari

Le cerf, animal sacré, représentation de Tamatsi Kauyumari, est, comme vu avec l’Ojo de Dios, également appelé Venado Azul (Cerf Bleu). Les Wixaritari se réfèrent à lui comme « Nuestro hermano mayor » (notre grand frère). Outre son rôle dans la confection du monde, Kauyumari est un guide, un messager, une proie, un chasseur, le peyotl et le maïs. Oui, Kauyumari est un peu tout cela et bien plus encore.

Kauyumari, premier cultivateur de maïs

Une légende raconte que Kauyumari, sous le nom de Wakatame, fut le premier cultivateur du maïs, mais de graines de maïs ancestrales qui étaient en réalité du peyotl et qui rassasiaient avec un seul petit morceau, offertes par Namakate, la mère du maïs. Après des mésaventures (changeantes selon les versions), ce maïs ancestral perdit ses propriétés et devint le maïs que nous connaissons aujourd’hui.

La quête du peyotl

Une autre légende, sûrement l’une des plus connues des Wixaritari (mais dont il existe également diverses versions), raconte que lors d’une période de grande disette, les chamans envoyèrent quatre jeunes chasseurs Wixaritari parcourir le monde Wixarika à la recherche de nourriture. Après plusieurs jours de chasse infructueuse et proches de l’abandon, les chasseurs aperçurent un grand cerf qu’ils suivirent.

Après plusieurs jours, ce cerf, qui n’était autre que Kauyumari, prit pitié des chasseurs et les laissa se reposer une nuit avant de reprendre la poursuite. Il les guida alors jusqu’au désert du Real de Catorce dans l’état de San Luis Potosí (rappelez-vous, l’est du monde Wixarika). Dans ce désert, le cerf disparut et les jeunes chasseurs, désemparés, le cherchèrent longtemps.

À un moment, pensant voir leur proie, l’un des chasseurs tira une flèche. Mais en se rapprochant de l’endroit où la flèche s’était fichée, ils découvrirent un parterre de plantes ayant poussé en forme de cerf. Les chasseurs les ramassèrent et les ramenèrent aux chamans qui décidèrent de les partager avec la communauté.

Kauyumari s’est sacrifié pour offrir le peyotl (petit cactus hallucinogène) au peuple Wixarika. Depuis, à travers les transes qu’il procure, les Wixaritari s’en servent pour communiquer avec leurs dieux. Un pèlerinage et une fête lui sont consacrés.

Un lien sacré et indissociable

Par ses changements et ses transformations, Kauyumari, le cerf, est à la fois le peyotl et le maïs. Ces trois éléments ont une importance capitale pour les Wixaritari.

Peinture murale cerf bleu (Kauyumari) et peyotl -
Zitacua, Tepic, Nayarit - 2022

Peinture maïs - Zitacua, Tepic, Nayarit - 2022

Sculpture cerf bleu (Kauyumari) - Zitacua, Tepic, Nayarit - 2022

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